Les
premières heures de gloire...
Continuant
sur sa lancée, Monsieur. Sendret équipe sa tannerie de
toutes les machines de l'industrie du cuir : marteaux
mécaniques, presses de corroierie, machines à étendre
les peaux... . On arrive ainsi à réaliser mécaniquement,
avec économie de temps et de matière, et facilement toutes
les opérations manuelles qui demandaient le plus de force
de peine et d'habileté pratique de la part des ouvriers.
Malgré leurs inquiétudes et leur méfiance face à ces machines
qui semblent leur "voler leur place", les ouvriers profitent
en fin de compte de la mécanisation leur travail, si éprouvant
physiquement est quelque peu soulagé et leurs salaires
augmentent progressivement, passant de 2F ou 3F, à 4F
par jour, voire davantage. L'établissement fabrique essentiellement
des produits destinés à l'armée (cuirs à courroie, sellerie
et carrosserie), très implantée dans l'est de la France,
et particulièrement à Metz. C'est pourquoi la tannerie est déclarée d'utilité publique par le gouvernement français
dés 1860 et est encore agrandie. |
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Malgré
la jalousie des maîtres tanneurs messins de la Rue des
tanneurs, qui évincent Monsieur Sendret de l'Exposition
de l'industrie de Metz de 1861, la tannerie de Saint-Julien
connaît véritablement à cette période ses heures de gloire.
Les cuirs présentés aux Expositions de Lyon et de Paris
sont distingués, l'établissement est régulièrement mentionné
dans la presse locale et nationale, qui le considère comme
un modèle de modernité. Nous citerons en exemple l'anecdote
suivante rapportée dans "Le Lorrain" en 1861 : le célèbre
astronome Monsieur Leverrier, de passage à Metz, voulut
visiter l'installation industrielle de Saint-Julien et
essaya de manouvrer un cuir à semelle sous le marteau
à comprimer afin d'estimer la difficulté du métier. C'est
alors qu'un assistant s'écria: "ce tanneur a bien aisé
de voir de loin dans ses affaires, s'il a pour ouvrier
des astronomes comme Monsieur Leverrier !". On peut également
mesurer la prospérité de la tannerie aux nombreuses annonces
quelle passe dans la presse locale à l'attention des bouchers,
qui lui fournissent des peaux. Par exemple, cet extrait
du Courrier de la Moselle daté du 15 mars 1860. |
Etant donné le nombre de ses clients, et sa capacité de production
impressionnante pour l'époque, la tannerie doit en effet chercher
de nombreux fournisseurs différents pour disposer de suffisamment
de peaux. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: employant deux
cent vingt ouvriers entre 1866 et 1870, 40 000 peaux de chevaux,
10 000 de vaches et autant de veaux sortent chaque année de
la tannerie de Saint-Julien.
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